Nous vous proposons de découvrir ou redécouvrir un outil de base pour accompagner le changement : la carte des partenaires et la stratégie des alliés qui en découle !
Qu’est-ce que la carte des partenaires ?
Cet outil permet d’accompagner le changement dans sa dynamique collective, qu’on soit directeur de projet, dirigeant ou manager d’équipe.
L’outil a été conçu par Jean-Christian Fauvet dans le cadre plus global de son modèle sociologique connu sous le nom de Sociodynamique. Le sociodynamique ou « le mouvement par les hommes », est un ensemble de concepts et d’outils pour accompagner le changement.
Dresser la carte des partenaires est un prérequis pour adopter une stratégie de changement gagnante. On dresse la carte des partenaires :
- Aux différents temps forts de l’accompagnement au changement.
- En s’appuyant sur des comportements observables.
- En classant les acteurs selon les différents profils de la carte. Ce peut-être des personnes d’un service ou bien des services/entités en fonction de l’ampleur du projet de changement.
Positionner les acteurs en fonction de leur rapport au changement.
Le schéma ci-dessous présente la carte des partenaires.

Au regard d’un point d’application donné, c’est-à-dire le projet de changement, chaque acteur peut être amené à développer 2 types d’énergie :
- La synergie va le rapprocher du point d’application (projet, changement) : il va être pour, faire avec, aller dans le sens de…
- L’antagonisme va l’éloigner du point d’application : il va être contre, faire sans ou en dépit de…
Ces 2 énergies sont complémentaires et co-existent dans toute relation au changement. Par ailleurs, le niveau d’énergie varie : en dessous de la graduation 2, l’acteur pense, dit des choses mais n’agit pas contre ou en faveur du changement. Au-dessus de 2, l’acteur passe la ligne d’initiative et va agir, par des comportements, pour ou en faveur du changement.
- En synergie, on voit émerger des acteurs constructifs, ambassadeurs de l’accompagnement au changement.
- En antagonisme, ce sont les opposants au changement, ils peuvent par exemple dresser le piquet de grève.
- Les passifs représentent la majorité silencieuse en début de changement : il ne se sentent pas concernés par le projet.
- Les hésitants peuvent basculer en permanence entre opposants ou bien constructifs.
- Les déchirés sont à la fois très en faveur du changement (par exemple) et en même temps tout à fait contre la méthode d’accompagnement choisie (par exemple).
Accompagner le changement en pratiquant la stratégie des alliés.
Une fois que vous avez établi la carte des partenaires, vous pouvez appliquer la stratégie d’accompagnement adaptée et pertinente.
Elle consiste d’abord à accompagner chaque type d’acteurs, et ce tout au long du projet et selon leur évolution sur la carte :
- Soutenir les constructifs, passer du temps avec eux, prendre leurs idées, en faire des relais du changement qui vont accompagner les autres acteurs à les rejoindre.
- Entourer les passifs, les hésitants et les déchirés. Il s’agit de comprendre ce qui les fait aller en faveur ou en défaveur du changement et de négocier avec eux les aspects négatifs du changement pour les faire basculer au maximum vers les constructifs.
- Ne pas perdre son temps avec les opposants. C’est là le premier enseignement de la stratégie des alliés. Tous ceux qui ne sont pas mes ennemis (= tous ceux qui ne sont pas opposants) sont mes amis, d’une part. D’autre part, si je passe trop de temps et dépense trop d’énergie avec les opposants, je les mets en lumière, je leur crée la légitimité qui peut faire basculer les autres acteurs en leur faveur. Quand on a un pouvoir d’imposition, on l’utilise auprès des opposants. Dans le cas contraire, on contourne, on isole, on cherche à limiter la place prise par les opposants dans le fait d’accompagner le changement.
Quand vous appliquez cette stratégie, les mécanismes sociologiques se mettent en place naturellement, permettant d’accompagner le changement sans un effort surhumain !
Les opposants ayant peu de place ou d’importance, la masse des passifs, hésitants, ou déchirés va spontanément rejoindre le clan des constructifs. Dès lors, l’effet de balancier agit de lui-même en faveur du projet de changement. Les opposants deviennent de plus en plus isolés, leurs voix comptent de moins en moins. Ils finissent par ne plus avoir d’importance. Accompagner le changement consiste ainsi dans le fait d’agir de manière stratégique sur les dynamiques sociologiques.
Retenez-bien ce qui peut paraître contrintuitif : ne cherchez pas à convaincre des opposants de devenir constructifs, par définition, ils ne changeront pas.