Quand on parle d’intelligence émotionnelle, l’exemple de la critique est pour la plupart d’entre nous assez signifiant car nous y réagissons souvent de manière automatique. Il y a des tas de raisons à cela. Tout d’abord, entre les critiques que nous avons pu recevoir tout au long de notre vie, des appréciations incessantes portées sur nous, et des critiques internes que nous nous infligeons, nous sommes tout simplement saturés de critiques, dépassant ainsi notre seuil de tolérance. De plus, peu de personnes savent formuler des critiques constructives, et il arrive souvent que la critique que l’on nous décoche attaque notre personne, « tu es ceci, tu es vraiment trop cela… ». Il est possible aussi que nous n’apprécions pas la personne qui l’émet, ou qu’au contraire ce soit une personne proche…

Bref même si l’intensité avec laquelle je vais recevoir la critique peut varier selon les circonstances, il s’agit bien d’une situation type propre à déclencher nos réactions automatiques de défense. Car la critique vient toucher notre identité et donc notre intégrité. Elle risque de nous mettre au contact d’émotions difficiles : honte, culpabilité, colère. Elle est donc perçue comme un danger, propre à déclencher nos automatismes de défense – comme une herse tomberait sur un pont levis pour en bloquer l’entrée, comme une armée de combattants brandirait les épées pour défendre la citadelle.

Comment réagissez-vous face à la critique ?

Il est possible que vous ayez eu une réaction d’attaque :

Vous vous êtes défendu, vous vous êtes retourné contre l’autre, lui renvoyant sa flèche: et toi tu t’es pas vu ?
La réaction automatique d’attaque englobe des comportements tels que : hausser le ton, couper la parole, répondre du tac au tac, retourner la critique, etc…

Cette réaction peut vous paraitre tout à fait justifiée vu les circonstances : œil pour œil, dent pour dent. « Je n’allais pas me laisser marcher sur les pieds ». « Ces gens sont insupportables ». Pouvez-vous voir en quoi c’est une défense ? Vous ne prenez pas le temps de vous centrer, vous répliquez comme si votre vie en dépendait. De quoi cherchez-vous tant à vous protéger ? Est-ce réellement de l’autre, ou de la brûlure cuisante de la honte d’être critiquable ? De ne pas être parfait ?  « Il n’a pas le droit de me parler comme cela. » Peut-être, mais la réalité est là, la réalité est qu’ « il vous parle comme cela. » Votre réaction est-elle proportionnelle aux enjeux de la situation ? Et que se passe-t-il lorsque vous répondez du tac au tac ? Cela vous aide-t-il à affronter la situation, à réellement défendre vos droits si c’est de cela dont il s’agit ?

Il est possible que votre réaction soit la fermeture.

Vous ne réagissez pas, ou peu. Mais à l’intérieur que se passe-t-il ? Certaines personnes vivent de la confusion. Vous vous sentez perdu et plusieurs émotions se bousculent en vous, sans que vous puissiez vraiment savoir de quoi il s’agit ; vous avez l’impression que votre tête se vide. D’autres personnes ont l’impression qu’elles sont froides aussi à l’intérieur, qu’elles ne ressentent rien. Si vous en faites partie il est possible que vous réagissiez par le gel émotionnel. Peut-être d’ailleurs est-ce vous qui pensez «  ça ne m’a absolument pas touché – j’ai bien une petite critique dont je me souviens mais ça n’avait aucune importance… » Nous avons toutes sortes de moyens habiles pour nier nos émotions, les geler.

Il est possible que votre réaction soit la fuite.

Vous vous dites : c’est vrai, il a raison, je ne suis pas à la hauteur, je n’ai pas fait ce qu’il fallait. Quel sera votre comportement sous l’influence de telles pensées ? Vous vous excusez avant même de vraiment peser votre responsabilité dans l’affaire, vous devancerez les attentes de l’autre au détriment de vos propres besoins et valeurs. Ce comportement défensif vise à vous protéger des émotions difficiles de la honte et de la culpabilité. Il vous évite la confrontation à l’autre.

Face à une critique, d’autres comportements sont possibles.

A moins que vous ne soyez menacé physiquement, la critique ne présente aucun danger concret, à part celui de vous fuir vous-même. Des besoins sont en jeu autres que celui de la survie. Le simple fait de découvrir en vous une partie qui peut supporter la critique sans en mourir va vous permettre de dépasser vos réactions automatiques.

Concentrez-vous un instant sur votre ressenti

Posez-vous une question : qu’est-ce que ça me fait à l’intérieur ? Au cœur de la situation, vous pouvez faire ce retour vers votre ressenti. Ce sera la seconde décisive qui vous permettra de prendre du recul et vous évitera le piège de l’emballement.
Les pensées qui s’enchaînent interviennent sur notre état émotionnel. En situation, les pensées que nous avons sur l’autre, sur nous-même, les jugements, les conclusions sans preuve, s’intensifient et augmentent notre état de stress.

Mieux vaut dans ces moments respirer plutôt que penser.

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Notre corps est plus lent, plus accessible que nos pensées, il nous donne un support pour nous centrer en situation.

Nommez vos émotions

Ce que je ressens face à cette situation, est-ce la peur de ne pas être à la hauteur, est-ce la colère liée à la frustration, est-ce le doute sur mes capacités… Autant d’états pas forcément agréables, mais qui, si j’accepte de les reconnaître, vont me donner des indications précieuses sur ce dont j’ai besoin, dans cette situation précise. Cette habileté peut m’aider à sortir de la confusion émotionnelle. L’émotion est par nature éphémère : ce sont mes ruminations qui la font durer et l’installent en moi. Mais quand j’ai simplement identifié en moi de la colère, sans interprétation, je suis déjà détaché de cette colère. Je peux ainsi me distancer de cette émotion, ne pas me confondre avec elle. Je peux même évaluer son intensité, et la partager.

Ni bonnes ni mauvaises, les émotions sont les messagères de nos besoins, et nous donnent l’énergie de les satisfaire.

Parfois une critique peut nous apporter des renseignements qui nous éclairent sur des côtés de nous-mêmes dont nous ne sommes pas conscients ou que nous refusons de voir. Parfois la critique nous paraîtra injustifiée et nous pourrons choisir de marquer nos limites sans attaquer et pourtant de manière claire, y compris face à une personne qui nous impressionne. Parfois nous ne comprendrons pas une formulation trop générale et nous pourrons demander des éclaircissements. Il est aussi possible que la personne qui émet la critique ait une vision tronquée de la situation et nous pourrons alors lui fournir des compléments d’informations.

Ainsi, la prochaine fois que vous recevrez une critique, justifiée ou non, bien formulée ou non, observez votre réaction défensive. Elle vous renseignera sur les stratégies que vous mettez en place pour éviter de vous confronter à des émotions difficiles. Elle vous parlera de ces émotions que vous pouvez accepter de rencontrer aujourd’hui, afin d’être en mesure de comprendre leur message.

 

Sylvie Sarda